Le dîner de cons, une pièce intemporelle bien rodée

José Paul et Patrick Haudecoeur interprètent respectivement Pierre Brochant et François Pignon, dans la pièce Le dîner de cons, de Francis Veber, présentée les 19 et 20 juin, au château du Plessis-Macé, dans le cadre du festival d’Anjou. Rencontre avec deux comédiens ravis de ce passage en Anjou.
José Paul et Patrick Haudecoeur

José Paul et Patrick Haudecoeur

Eglantine RS : Quels évolutions Agnès Boury a-t-elle apporté à la mise en scène, par rapport aux autres versions théâtrales de cette pièce ?
José Paul : Principalement, l’apparition de tous les personnages ! Quand le panneau du fond s’ouvre (ndlr : pour illustrer les conversations téléphoniques avec les personnages ne se trouvant pas dans l’appartement de Pierre Brochant) on rejoint le film, où l’on voyait ces scènes téléphoniques, et c’est ce qui nous a donné l’idée. On s’est dit que théâtralement, ça pouvait être très intéressant, à partir du moment, où c’est aussi fluide que ça. L’important, c’est que ce ne soit pas tout d’un coup, quelque chose qui puisse parasiter la pièce. C’est la première fois qu’on voit ces scènes au théâtre. Dans les autres versions, c’était uniquement au téléphone, sur haut-parleur. Pour ce qui est de la durée de la pièce, après la sortie du film, Francis Veber a réécrit une version plus light et c’est cette version que nous jouons.

Patrick Haudecoeur : Francis Veber est quelqu’un qui travaille énormément sur son texte. Il mâche, il peaufine, il retravaille.
José Paul : Au départ, la création jouée aux théâtre des Variétés, par Claude Brasseur et Jacques Villeret, durait plus de deux heures.
ERS : Cette pièce, écrite en 1993, a-t-elle évolué avec notamment l’arrivée de nouvelles technologies ?
PH : Ah oui, le téléphone fixe sans fil, ce n’était pas encore très courant dans les maisons.

JP : … et le portable, parce qu’en 1993 ça n’existait pas encore. Je crois que dans la version initiale, à la fin de la pièce, François Pignon téléphonait à Madame Brochant en lui disant : « Je suis dans une cabine téléphonique ».
ERS : Comment vous êtes vous approprié votre personnage afin de faire oublier au spectateur l’image qu’il a de l’interprétation faite par Thierry Lhermitte et Jacques Villeret au cinéma ?
JP : En fait, l’appréhension est avant le travail. Mais il y a quelque chose de naturel qui s’est passé entre Patrick et moi, une évidence qui s’est révélée très rapidement aux répétitions. Dès qu’on a commencé à travailler ensemble, l’image de Villeret s’est totalement volatilisée alors qu’elle avait été présente pendant toute la période de lecture. J’ai l’impression d’avoir rendu le personnage un peu plus corrosif, un peu plus pointu que celui de Thierry Lhermitte, qui était sans doute plus sympathique

PH : Le rôle de Brochant est celui du clown blanc, et ce n’est pas facile de coller parfaitement au personnage. On démarre à l’essence même du personnage et non pas à partir des autres interprétations qui en ont été faites. On sait que ce personnage va avoir une intention, un tempérament, une situation à jouer, et de là, il faut amener son clown, dans le sens noble du terme : sa personnalité, le ton de sa comédie. Je joue un François Pignon candide, naïf, un personnage d’une autre époque.
ERS : Comment se sont passées vos retrouvailles avec le festival d’Anjou et le public angevin ?
PH : Le cadre créé une proximité, comme dans les théâtre grecs. C’est une autre ambiance qu’en salle : un peu de vent, pas de toit, on voit les gens dans les gradins avant que la nuit ne tombe. Ce ne sont pas des sensations habituelles, mais c’est excitant ! Et puis, le public angevin est très présent et festif ! Il se laisse emporter par la pièce, même s’il connaît déjà l’histoire.

JP : Quand le temps est beau, il y a quelque chose de magique. Ce n’est que du plaisir ! Les spectateurs sont plus détendus, ils sont formidable au festival d’Anjou. On s’est rendu compte, et c’est assez incroyable, que connaissant les répliques de cette pièce, les gens rient toujours autant, mais sont encore malgré tout surpris. C’est la chose qui m’a le plus surpris. Je n’imaginais pas que les scènes cultes fonctionnent toujours autant. Je viens ici tous les deux ans, et j’espère revenir en 2016.
ERS : Avez-vous déjà d’autres projets pour la suite ?
PH : Après deux dates en plein air, cet été, le 17 juillet à Fréjus et le 19 juillet à Fontenay-le-Comte, Le dîner de cons s’installera au théâtre de la Michaudière, à Paris, à partir du 29 août. Sinon, ma pièce, Thé à la menthe ou t’es citron, est jouée à la Renaissance jusqu’à fin décembre.

JP : Après Le dîner de cons, j’ai le projet de jouer Chabbat Chalom au théâtre.
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