Claude Brasseur et Yves Pignot incarnent Clémenceau et Monet avec délice

Lundi soir, le château du Plessis-Macé a accueilli Claude Monet et Georges Clémenceau, interprétés respectivement par Yves Pignot (qui reprenait le rôle pour la première fois) et Claude Brasseur, dans le cadre du festival d’Anjou, pour la pièce de Philippe Madral, intitulée « La colère du tigre ».

La colère du tigre, de Philippe Madral

Claude Monet (Yves Pignot) face à son ami Georges Clémenceau, une profonde amitié ponctuée de magistrales engueulades.

Mise en scène par Christophe Lidon, cette pièce se déroule en Vendée, dans la maison de campagne de Clémenceau, dans les années 20. Le décor impressionniste reprend des toiles de Monet sur une cloison et au sol, avec quelques chaises et une table pour agrémenter le tout. C’est dans cette ambiance poétique et bucolique que le spectateur découvre l’amitié profonde qui unit Georges Clémenceau à Claude Monet, par leurs échanges de lettres, puis la venue de ce dernier.
Tenu jusqu’ici par Michel Aumont, Yves Pignot reprenait lundi soir le rôle de Monet pour la première fois. Tout comme celle des trois autres comédiens, Claude Brasseur (Clémenceau), Sophie Broustal (Marguerite, éditrice de Clémenceau) et Marie-Christine Danède (Clotilde, servante de Clémenceau), sa prestation était énergique, juste, touchante, drôle. Un joli quatuor d’interprètes pour cette partition qui reprend un épisode souvent peu connu de la vie de deux grands hommes du monde de la politique et de l’art. L’âge avancé, la maladie rendent les deux personnages principaux d’autant plus touchants.

« Quand on pleure, c’est qu’on croit encore au bonheur. » (Georges Clémenceau)

De cette amitié profonde et sincère, il en ressort une grande tendresse entre les deux hommes, et ce malgré les engueulades du tigre, surnom donné à Clémenceau en raison de ses grandes colères lorsqu’il était en politique. Comme il le dit lui-même, « entre Monet et moi, il y a toujours eu de l’amitié et des engueulades ».
Ici, Monet vient d’annuler, pour la troisième fois, l’inauguration de l’exposition des Nymphéas à l’Orangerie. Récemment opéré de la cataracte, l’artiste voit mal et n’est pas satisfait des toiles produites pour son ami. Ainsi, il n’a de cesse de repousser la date d’inauguration de cette exposition, ce qui déclenche la colère de Clémenceau. Moment drôle, lorsque les deux comédiens se battent en duel à coups de canne.
Triste de son ultime brouille avec son ami Monet, Clémenceau confie sa peine à Clotilde, et la rassure : « quand on pleure, c’est qu’on croit encore au bonheur ». Mêlant bons mots et moments plus délicats, La colère du tigre est une parenthèse délicieuse, qui démontre que l’amitié est un lien fort qui passe bien au-delà des fâcheries.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *