Un classique de Marivaux au festival d’Anjou

Samedi soir, dans le cadre du festival d’Anjou, Philippe Calvario et sa troupe ont revisité un classique de Marivaux, au château du Plessis-Macé : « Le jeu de l’amour et du hasard », devant un public très réactif, à en croire les éclats de rire qui ont raisonné dans les gradins.

Pièce, Le jeu de l'amour et du hasard

Silvia et Dorante, respectivement grimés en Lisette et Arlequin, leurs valet

L’histoire se passe dans la demeure de Monsieur Orgon (Eric Guého), père de Silvia (Marie-Pierre Nouveau) destinée à Dorante (Philippe Calvario), qu’elle craint d’épouser sans le connaître. Avec la complicité de Lisette (Anne Bouvier), sa suivante, Silvia décide de se travestir et d’échanger sa tenue avec cette dernière, afin de mieux observer son fiancé. Ce qu’elle ignore, c’est que Dorante, ayant les mêmes appréhensions de son côté, se présente à elle dans les habits de son valet Arlequin (Nicolas Chupin), sous le nom de Bourguignon ; tandis qu’Arlequin se fait passer pour Dorante. Les seuls à connaître ces deux secrets sont Orgon et son fils Mario (Jérémie Bedrune). Pour laisser faire le jeu de l’amour et du hasard, ils décident de ne rien révéler à Silvia.
Ornée de tapis et de chaises, la scène est sobrement décorée, mettant en valeur la façade du château du Plessis-Macé, en toile de fond. La mise en scène burlesque des personnages de Lisette (grimée en Silvia) et Arlequin (grimé en Dorante), avec des costumes colorés, imposants à l’excès, permet une mise en avant du côté comique de cette pièce. A l’inverse, les habits noir et blanc de Silvia (grimée en Lisette) et Dorante (grimé en Arlequin) montre la souffrance que vivent les personnages face au décalage de rang auquel ils pensent avoir affaire, du fait de ces déguisements dont ils ignorent la réciprocité.

« Dans le mariage, on a plus souvent affaire à l’homme raisonnable qu’à l’aimable homme. » (Silvia)

En avance sur son temps, Marivaux donne la parole aux femmes et leur permet de s’affirmer, comme c’est le cas ici de Silvia, face à son père Orgon. Dans cette mise en scène, ce ne sont pas des portes qui claquent, mais des chaises qui tombent ; les codes du vaudeville sont bien là, avec son lot de quiproquos et d’intrigue amoureuse. Malgré les costumes et rangs inversés, du fait de ces travestissements des quatre personnages principaux, le hasard fait que l’amour triomphe et chacun retrouve sa place.
A l’issue de la représentation, la 150ème puisque la pièce a été créée en 2010, malgré les aléas du plein air, notamment le fait de commencer en plein jour, « on est très heureux d’avoir joué ce soir », a déclaré Philippe Calvario (interprète et metteur en scène). Les nombreux éclats de rire des spectateurs durant la pièce et les salves d’applaudissements en fin de soirée prouve une belle réussite pour cette interprétation d’un des plus grands succès de Marivaux.

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