Surprenant et drôlissime « Dernier coup de ciseaux »

Jeudi soir, les arènes de Doué-la-Fontaine ont accueilli « Dernier coup de ciseaux », comédie policière de Paul Pörtner, mise en scène par Sébastien Azzopardi. Signe particulier de cette pièce : l’implication du public dans l’enquête. Chaque représentation est unique, puisque ce sont les spectateurs qui votent pour désigner le coupable, qui varie donc chaque soir selon les questions posées, à la manière d’un jeu de Cluedo.

Pièce "Dernier coup de ciseaux"

Dès 21h30, une ambiance festive s’empare des arènes de Doué-la-Fontaine. Pendant près de dix minutes, dans le décor d’un salon de coiffure branché, la sono diffuse des chansons entraînantes et trois comédiens font le show sur scène. La coiffeuse (Aurélie Konaté) et son patron (Pierre Samuel) s’en donnent à cœur joie entre chorégraphies et gags visuels. L’unique client présent (Stéphane Marais) en fait les frais et bénéficie d’un shampoing pour le moins… mouillé, avec eau et shampoing à volonté sur le visage. Le ton est donné, la soirée sera déjantée et originale !

« Je travaillais chez Jean-Louis David, rue Pierre Nicole, mais ça faisait trop de prénoms alors j’suis partie ! » (Aurélie, la coiffeuse)

Cette comédie policière interactive se déroule en trois parties : les faits, l’enquête et le verdict du Capitaine de police. La soirée débute comme une pièce de théâtre classique : un salon de coiffure, deux coiffeurs et des clients qui discutent. Jusque là rien de particulier. Tout bascule, lorsqu’un meurtre est commis dans l’appartement situé au-dessus du salon, alors que seuls ces quatre personnages sont présents dans l’immeuble. Entrent alors en scène deux policiers qui décident de faire une reconstitution des faits et d’interroger les suspects avec l’aide du public. Les spectateurs sont éclairés et le Capitaine de police (Laurent Hugny), assisté de son stagiaire un peu gauche (Stéphane Marais) prennent note des questions qui fusent de part et d’autre de l’assemblée. Une certaine complicité se créé alors avec les comédiens et l’impression d’être dans une véritable partie de Cluedo géant devient évidente. A l’issue de l’interrogatoire des suspects, le public vote à main levée pour celui qu’il pense être le coupable. Chaque voix est comptabilisée avant de dévoiler son nom.

« T’as des nouvelles du labo ? » (le Capitaine de police)
« Oui. Ma femme est enceinte. » (le stagiaire)
« Non, le labo pour le meurtre ! » (le Capitaine de police)

Adaptée en France par Sébastien Azzopardi et Sacha Danino, cette pièce reçoit le Molière de la meilleure comédie en 2014, et se joue depuis juin 2011, à Paris puis en province, avec deux équipes de comédiens. Un véritable phénomène dont les spectateurs ne ressortent pas indemnes. Pendant plus de deux heures, malgré l’aspect tragique de l’histoire, les zygomatiques sont mis à rude épreuve grâce aux répliques désopilantes, cinglantes, parfois absurdes, et tellement drôles que se renvoient les personnages dans un véritable jeu de ping-pong verbal. A noter qu’avec quatre fins possibles, les comédiens se doivent de connaître la vie de leur personnage sur le bout des doigts afin de pouvoir improviser au fil des questions pertinentes du public et ainsi maintenir le suspens, ce qu’ils réalisent à merveille. Contre la morosité ambiante, « Dernier coup de ciseaux » est une excellente alternative pour passer un moment de détente savoureux et drôle. Les applaudissements nourris et l’envol de nombreux coussins depuis les gradins des arènes, ce jeudi soir, prouve que le public est une fois de plus conquis.

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