Épatante Marie Gillain dans « La Vénus à la fourrure »

Mercredi soir, « La Vénus à la fourrure », pièce de David Ives, adaptée par Anne-Elisabeth Blateau et mise en scène par Jérémie Lippmann, a fait le plein de spectateurs au château du Plessis-Macé, dans le cadre du festival d’Anjou. Le duo Marie Gillain/Nicolas Briançon a embarqué le public avec énergie, dans cette histoire de théâtre dans le théâtre, sur le thème du sadomasochisme. 

La Vénus à la fourrure

Marie Gillain et Nicolas Briançon, dans La Vénus à la fourrure

« La Vénus à la fourrure » se déroule à l’intérieur d’un théâtre, un soir d’orage. Thomas Novachek, metteur en scène, s’apprête à quitter les lieux pour rejoindre sa fiancée, quand surgit Wanda Jordan, comédienne délurée, venue auditionner. Face à la détermination de la jeune femme, Thomas se laisse convaincre de lui donner la réplique sur le début de sa pièce, située en 1870. Le metteur en scène est progressivement envoûté par Wanda, charmé par les différentes interprétations qu’elle lui propose pour son personnage au fil de l’audition, donnant également son avis sur différents passages.

« Comment on dit compagnon en langage moderne ? » (Thomas Novachek)
« Connard ! » (Wanda Jordan)

Molière 2015 de la meilleure comédienne, Marie Gillain mérite amplement cette récompense, menant cette pièce, également Molière 2015 du meilleur spectacle, de main de maître. Elle passe avec brio de la jeune comédienne à la dégaine plutôt vulgaire, mini jupe en cuir, collier de chien, maquillage épais et langage fleuri, à la Dame du monde des années 1870, vêtue d’une élégante robe blanche, qui s’exprime avec classe. Marie Gillain est brillante dans l’interprétation qu’elle propose du personnage de Wanda, gouaille d’un titi parisien et « putain merde » à gogo, sans compter les postures, parfois plus que suggestives, dans une tenue très légère. Son langage de charretier est à l’image de cet échange entre les deux personnages, au début de la pièce : Thomas, le metteur en scène, et Wanda, la comédienne venu auditionner. Face à sa répartie sans limite, il lui demande « Comment on dit compagnon en langage moderne ? ». « Connard ! », lui répond-elle, du tac au tac.
« Rien n’est plus sensuel que la douleur, rien n’est plus jouissif que l’humiliation. », lance Thomas dans une réplique. Tout est dit sur le fonctionnement du personnage. Mais, est-il question de lui ou du personnage de sa pièce ? Là est toute la subtilité de cette comédie dramatique, où les personnages Thomas et Wanda passent de leur propre rôle à celui de leur personnage dans la pièce répétée, avec une frontière infime. Le public passe du rire au sérieux en un fragment de seconde. Mêlant humour, situations cocasses et moments plus sombres, cruels, « La Vénus à la fourrure » révèle la vraie personnalité des deux personnages, Thomas et Wanda.
Perçue comme écervelée, futile et sans connaissances culturelles en arrivant devant lui, Wanda retourne petit à petit la situation et se révèle bien plus futée, cultivée, voire manipulatrice qu’il n’y parait, jusqu’à un ultime inversement des rôles.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *