Le bonheur dans tous ses états selon Eric Assous
Jeudi soir, les comédiens Marie-Anne Chazel et Sam Karmann ont illuminé la scène du Grand Théâtre d’Angers par leur interprétation de la pièce d’Eric Assous, intitulée Le bonheur. Thème de prédilection de l’auteur, le couple est une fois encore au cœur de cette comédie, drôle et touchante.
Pour la mise en scène, Eric Assous a de nouveau fait appel à Jean-Luc Moreau, qui n’en est pas à sa première collaboration avec l’auteur, puisqu’ils ont déjà travaillé ensemble notamment pour Le technicien et L’illusion conjugale.
Cette jolie comédie sentimentale débute par le premier petit déjeuner de deux amants d’un soir. Tous deux quinquagénaires, Louise (Marie-Anne Chazel) est auteur de contes pour enfants célibataire, sans enfants, et Alexandre (Sam Karmann) est restaurateur en instance de divorce, père de trois enfants.
Le spectateur suit alors l’évolution de ce couple, sur une durée de six mois, dans le décor d’un petit appartement parisien cosy, celui de Louise. Un intermède vidéo et musical ponctue les tableaux, annonçant par une phrase écrite le titre de la scène suivante. Coloré et dynamique, ce procédé donne un rythme supplémentaire à la pièce, une touche de légèreté au milieu de cette histoire d’amour faite de compromis et concessions.
Bien sur, l’humour est au rendez-vous et les répliques font mouches. « Les types qui débarquent, qui consomment et qui repartent, je ne suis pas d’accord ! », déclarent Louise dès le début de la pièce, pour justifier qu’elle enferme Alexandre chez elle et ne le laisse pas repartir. Plus tard, quand elle lui demande ce qu’il écoute comme musique, ce dernier lui répond : « Mon autoradio, dans ma bagnole ! ». Marie-Anne Chazel, déjantée et drôle, est tout simplement irrésistible lorsqu’elle enfile l’écharpe de Miss Normandie 78 et défile fièrement dans son appartement devant Alexandre.
La grande question qui se pose ici est la suivante : est-ce aussi simple d’aimer à 50 ans qu’à 20 ans ? Malgré la sagesse et l’expérience de la vie des deux personnages, certains mécanismes demeurent, notamment le mensonge. L’amour triomphera-t-il ? Souvent en décalé dans leurs sentiments, Louise et Alexandre évoluent à leur rythme et se cherchent. Comme le dit Alexandre, « aujourd’hui, à l’âge qu’on a, les trains se font plus rares » ; une invitation à réfléchir sur le fait de saisir le bonheur quand il se présente et ne pas le laisser filer.
Les deux comédiens brillent par la finesse et la sensibilité de leur jeu. Bref, juste avant les fêtes de fin d’année, cette pièce est un délice pour les yeux, les zygomatiques et le moral. C’est peut-être ça le bonheur finalement !
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